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MIDI LIBRE Midi Loisir 8 Mai 2014

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BUSK

CONCERT // Montgroove sur la scène du JAM
By Amelie Sales — octobre 17, 2013
Hier soir s’est déroulée l’inauguration de la façade du JAM, rue Lesseps à Montpellier. C’est suite à l’appel aux dons sur Ulule.com que les deux artistes Al et Salamech ont pu remporter leur pari : celui de revisiter le pan de mur de 150m². Après discours, rencontres et dédicaces des deux street-artistes, l’inauguration s’est achevée en musique. Le crew montpelliérain Montgroove était donc hier soir sur la scène du JAM. A la croisée de diverses cultures et influences, mêlant reggae, ragga-dancehall, rap, swing ou encore soul et beatboxing, chacun des six artistes apporte sa couleur musicale offrant au groupe un arc-en-ciel mélodieux, une énergie débordante et surtout une singularité qui plait à coup sûr ! Bref, hier soir, il fallait vraiment être difficile pour ne pas savourer le concert… ou alors complètement sourd !

GRABUGE
Culture et Grossiéretés
N°1 decembre2012 Janvier 2013

LE JAM
Le jazz en action à Montpellier.
100 rue Ferdinand de Lesseps (Montpellier)

Il est des lieux comme ça qui, s'ils n'existaient pas, ii faudrait les inventer: c'est le cas du JAM à Montpellier, Le JAM, c'est une école régionale de jazz et de musiques actuelles, doublée d'une salle de concert qui a la capacité d'accueillir 350 personnes et les plus grands artistes de la scène locale, nationale et internationale, Petit tour du proprio,
Douze salles de cours, une salle de concert Michel Petrucciani inaugurée par Michel Petrucciani - oui madame! Le jazz c'est pas du pipeau... - et une bonne centaine de concerts par an, bienvenue chez Ferdinand de Lesseps, au numéro 100.
Si le projet est ambitieux comme le canal de Suez, c'est que. le « Grand Français» n'accueille pas n'importe qui sur son trottoir montpelliérain, alors depuis 1999 que le JAM y est installé ¬ et forte de ses trente et quelques années passées à swinguer- la vieille dame du jazz se donne les moyens de sa résidence, même si on ne lui donne pas toujours les moyens financiers. C'est pas grave, pas trop, l'argent ne fait pas venir les talents, c'est le prestige.  Alors on y passe pas encore dessus en bateau certes, mais la renommée de la salle est telle qu'elle lui permet de relier les continents quand même.
Aussi ce sont les plus grands de la discipline qui ont fait vibrer ses murs, et de Steve Coleman à Alain Caron en passant par Pierre Vassiliu, les mélomanes en ont vu de toutes les couleurs: jazz bien sur, mais aussi blues, soul, musiques du monde et frissons de partout. Amis Zétudiants, contrairement à sa réputation, ce genre musical là n'est pas réservé à un public fermé, coincé entre un sonotone et un pull Damart.  Ici pas besoin de jouer les frileux quand on y entend rien à cette musique, le JAM réchauffe l'ambiance par son côté convivial et vous retourne d'un claquement de doigts. Et puis après tout, il n'est nul besoin de connaître Chopin pour aimer les nocturnes, suffit d'avoir le bon goût de trouver le jour vulgaire. Là c'est pareil, d'ailleurs les concerts sont généralement le soir. Surtout, niveau doigts, cette année encore, le JAM se les est sorti de la clarinette pour nous préparer une programmation sans bémol, et les mois de décembre et janvier restent sur cette même partition : du bon et du très bon.
En tout, seize concerts pour les deux mois à venir, toute la programmation sur www.lejam.com

JIM

Vendredi 21 Septembre 2012
MIDI LIBRE

Moins aidé, le Jam s'accroche à sa branche

MUSIQUE | La salle-école de jazz, qui voit ses subventions baissées,
fait néanmoins toujours preuve d’ambition en cette rentrée

Normalement, mais ça n'est pas systématique, quand on organise une conférence de presse, c'est que l'on souhaite faire savoir quelque chose de crucial. Le Jam, salle de concerts et école régionale de jazz (mais pas que), n'en avait plus fait depuis son 30ème   anniversaire, il y a trois ans. Il a rompu le silence cette semaine. Pas pour rien.
«Que représente le Jam dans le paysage culturel régional ? », interroge Jean- François Fontana, le président de Jazz Action Montpellier (Jam). Il connaît bien sûr la réponse, et il ne s'est pas privé de l'argumenter, mais il en vient à douter que tous aient pris la pleine mesure de son rôle et de son importance. Par tous, il faut ici comprendre les partenaires institutionnels.
Un effritement qui s'accroît
« Sur un budget de 569 000 € qui fait vivre toute la structure (salaires des neuf permanents et vingt-cinq profs, production de 54 concerts sur un total de 83...), les collectivités territoriales participent à hauteur de 12,6 %, note Jean-François Fontana.
Dans le passé, le niveau de subventions était plutôt dans les 15 %, voire 20 %. » Mais plus que les taux, c'est l'étau qui se resserre : 14 000 € du Département, 12 000 € de l'Agglo, 13 000 € de la Ville de Montpellier, autant de la Région, et 20 000 € de l'État (via la Direction régionale des affaires culturelles, Drac).
Le président du Jam précise : « Alors qu'elle nous donnait 25 000 € l'an dernier, la Région a dit que, cette année, elle s'alignait sur la Ville. Boum : moins 12 000 € d'aide ! Bon, la Ville a tout de même ensuite estimé la valeur locative des murs que nous occupons à 86 000 € (sachant que c'est pour beaucoup nous qui avons valorisé les lieux !). » Et de décrypter : «Nous, comme d'autres, nous retrouvons les jouets de rivalités politiciennes qui s'accroissent à mesure que se profilent les échéances électorales, et sur lesquelles nous n'avons aucune prise, ni intérêt ! » Comprendre : c'est le citoyen musicien et/ou mélomane qui pourrait trinquer... à terme car, pour l'heure, le Jam ne montre aucun signe de faiblesse.
Côté école (213 élèves l'an passé, pour plus de 6 000 heures de cours donnés), le Jam peut se prévaloir du succès, local, national, voire international, de ses anciens pensionnaires. Hier, ils se nommaient Rémi Panossian, Emilie Simon, Les Grandes Gueules, Mariane Aya Omac, et aujourd'hui, Le Comptoir des fous ou, pour prendre le plus hype, Scotch & Sofa. « Nous allons faire un effort de médiatisation des neuf concerts de nos élèves car, vu leur niveau (élevé !), cela mérite d'être mieux su », précise Jean Pfeiffer qui, retraité, a cédé la direction à Nathalie Lajara, lui restant en qualité de conseiller artistique.
Justement, bien décidé à profiter de la proximité nouvelle du tram (ligne 4 : Saint-Martin), le Jam, versant salle de concerts, a soigné sa programmation. Première date hors Internationales de la guitare, le concert des excellents Malted Milk (10 octobre) souligne par exemple la place nouvellement offerte au blues, un peu orphelin à Montpellier depuis la fermeture du Sax'Aphone. En témoignera aussi Gaby Moreno, dernière sensation du genre originaire du Guatemala (31 oct.). La soul est aussi très présente grâce au partenariat avec Cosmic Groove : The Dynamites featuring Charles Walker (13 oct.), SoulJazz Orchestra (20 oct.) et surtout Lee Fields (2 novembre). Quant au jazz, le plus classe comme le plus neuf, il est excellemment bien, voire génialement, représenté par Hidden Orchestra (26 oct.), Bill Evans (1er nov.), Michel Edelin Trio feat, Steve Potts (16 nov.), Stefan Orins Trio (29 nov.) ou encore Neil Cowley Trio (30 nov.). Bref, le Jam consolide et élargit sa branche musicale, pour mieux s'y cramponner !
JÉRÉMY BERNÈDE

La Gazette 24/05/12

AU JAM
Colombie en folie

rivas

Au premier rang, drapeaux colombiens sur les épaules, prêts à être déployés, les groupies d'Antonio Rivas n'attendent que le départ de la musique pour entrer dans la danse: vendredi 18 mai au JAM, l'ambiance est caliente, mucho caliente. Antonio Rivas, accordéoniste colombien installé à Montpellier, interprète les compositions de son nouvel album, Vaya con Dios. Les sept musiciens de son groupe, les Vallenatos, tous originaires d'Amérique du Sud, l'accompagnent. Deux danseuses, grandes robes blanches, fleurs dans les cheveux, font une apparition remarquée et entrainent les spectateurs à danser. Plus personne ne reste assis. Cumbia et vallenato - ce folklore de la côte nord de la Colombie, dont Antonio Rivas est un spécialiste -rythment la soirée.
Docteur en physique nucléaire, ingénieur en informatique, professeur de mathématiques, et pas
seulement musicien, Antonio Rivas reprend, sur des rythmes latins, T’as pas, t'as pas tout dit, la chanson d'un autre mathématicien, Boby Lapointe. lnvité au gala officiel du cinquantenaire de l'Unesco, récompensé par un "Diacor" lors de sa première tournée européenne en 1996, sujet de films documentaires des télévisions allemande, grecque ou hollandaise, compositeur de la musique du film Chili con came de Thomas Gllou, Antonio Rivas dépasse largement les frontières montpelliéraines.
GHISLAINE ARBA-LAFFONT

MIDI LOISIRS 06/01/2012

Grupo Salsafon ouvre le ban
 au Jam sur un rythme caraïbe

salsafon

SALSA ** VENDREDI 6
Le Jam, salle de "jazz-mais-pas-que ", débute l'année avec des coups de soleil. Bonne Idée !
A l'automne dernier, dans Montpellier, courait un bruit, désagréable, dissonant, tenace, selon lequel le Jam cesserait d'accueillir et produire des concerts cette année; une rumeur sans doute étayée par les difficultés endémiques qu'une telle activité implique aujourd'hui (on pense notamment à la baisse nationale assez inquiétante de la fréquentation en 2011).
Bref, d'aucuns disaient le Jam, lieu trentenaire pour ne pas dire historique, fatigué de lutter pour l'amour du jazz, du groove et des musiques du monde en live. Eh bien, non! Et toc, si on l'ose dire. Ainsi, tandis que d'autres lieux de concerts de Montpellier font une pause pour de menus travaux (la Pleine Lune jusqu'au 15 février et la grande salle du Rockstore jusqu'au 20 janvier environ), le Jam reprend, lui, les siens!
En attendant Pic-Moutin-Hoenig, Nelson Veras, Robin McKelle, Electro Deluxe ou Candye Kane (on en passe), le premier concert d'envergure du semestre est parfaitement de saison: Grupo Salsafon est en effet de ces formations capables de dégivrer le plus têtu des icebergs par le seul pouvoir calorifère de sa musique. Et pour cause: de la salsa !
Né en 2004 d'une passion commune pour la salsa telle que popularisé dans le ghetto latino new-yorkais dans les années 70, Grupo Salsafon réunit onze musiciens et chanteurs d'origines diverses. Dans son album logiquement titré Tribute To The Barrio, la formation revisite le répertoire "nu yorican", de Conjunto Libre à Eddie Palmieri avec l'envie de réconcilier tradition et modernité afro-cubaine. Et sans être forcément révolutionnaire, le résultat, encore fois, est idéal pour débuter l'année du bon pied, et sur la piste de danse!
Jérémy BERNÈDE

MIDI LIBRE La New Sonora : l’aventure collective de Cubains d’ici

22/11/2011
new sonora
Hector et ses cadors, alias la New Sonora, pour un coup de chaud à la cubaine ! (© D.R)
Tout le monde l’appelle Lhabanero, “Le gars de La Havane “, mais il répond (aussi) au nom de Hector Gomez Guilbeaux. S’il a posé ses valises à Montpellier au milieu des années 2000, ce chanteur, auteur et compositeur cubain ne les a jamais toutes défaites, lui qui n’en finit pas de courir le monde hispanophone avec Sergent Garcia, le groupe salsamuffin fondé par l’ancien leader punk de Ludwig Von 88, Bruno Garcia. Entre deux tournées et plus encore d’avions, Hector a trouvé le temps d’élargir sa petite famille, d’organiser quelques mémorables soirées avec son association Cuba d’Oc et de fonder un autre groupe, la New Sonora. C’est ce dernier projet, enfin arrivé à maturité, qu’il présente vendredi 25 novembre au Jam, à domicile donc.
"L’idée du groupe remonte à un an et demi. Nous étions au Venezuela avec Sergent Garcia, se souvient Hector. Avec le guitariste Lino Belet qui joue du tres (la guitare folk cubaine aux cordes groupées en trois paires que l’on entend dans le son, NDLR), nous avons profité de trois jours “off” à l’hôtel pour plancher sur une idée qui nous trottait dans la tête depuis pas mal de temps : créer notre sonera, la New Sonora."
Sonera pour dire formation cubaine traditionnelle, numériquement plus légère et musicalement moins cuivrée que les fameux grands ensembles havanais. New pour signifier sa modernité et sa singularité. "Notre envie est de proposer une musique actuelle qui respecte dans le même temps les codes du son, la musique traditionnelle de mon île, souligne Hector. Ce type de fusion n’est pas nouveau ; à La Havane, on ne compte plus les groupes qui mixent la musique cubaine à des influences extérieures ou nouvelles. Avec la New Sonora, un groupe volontairement cosmopolite, nous voulons apporter notre pierre à cet édifice, une pierre singulière par l’importance que nous accordons au tres."
Enregistré au début de l’année entre le studio Vox, à Montpellier, et le célèbre Egrem Habana, à La Havane, le premier album de la New Sonora, Poco a poco, ne devrait pas sortir avant le début de l’année prochaine mais les quatre morceaux que nous avons déjà pu écouter suggèrent clairement (et superbement) les qualités euphorisantes du projet.
On y note aussi la présence de quelques invités cubains prestigieux : Giraldo Piloto aux arrangements, Alexander Abreu au chant et la trompette, Norberto Gomez. Quant au titre du disque, Poco a poco, il nous dit l’humilité de son ambition, et sa ténacité : ouvrir “petit à petit” la musique cubaine pour qu’il ne soit plus possible, si l’on ose dire, de la refermer. "Nous allons prouver que les Cubains d’ici assurent !", sourit Hector. Nous n’en avions jamais douté.
JÉRÉMY BERNÈDE

Midi Libre-Édition du mardi 12 avril 2011
'Michael Jackson in jazz', un concert de virtuoses du Jam
Michael Jackson in jazz, soit quatre musiciens qui ont entre 18 et 19 ans : Romain Hubon (guitare), Benjamin Thiébault (piano), Charles Huck (basse) et Valentin Jam (batterie).

Jeudi, au Baloard, les quatre virtuoses viendront accompagnés par le trompettiste et pédagogue du Jam, Franck Nicolas. Avec lui, les jeunes talents présenteront l'un des trois répertoires qu'ils ont   « bossé dur » ensemble. Un concert autour des partitions de Michael Jackson (le groupe a aussi harmonisé   « des arrangements de haute voltige sur du Miles Davis et des musiques de film »). Et ces trois répertoires originaux leur permettent de   « jouer chaque semaine depuis quelques mois dans tous les petits endroits en on embauche des musiciens à Montpellier », apprécie Franck Nicolas qui a fait enregistrer ces trois projets au studio pro de Valflaunes, Emana prod. Bilan : avec un CD pour chaque projet, voici les musiciens montpelliérains programmés avec leur maître au festival international de Guadeloupe (où ils seront donc en tournée du 2 au 17 juin).

Par cette nouvelle méthode pédagogique, appliquée pour la première fois sur des apprentis du Jam, Franck Nicolas   « forme à la pratique musicale, la tenue sur scène et la concentration en studio, la gestion de la fatigue quand on joue tous les jours, le comportement en tournée, la solidarité entre musicien etc... Toutes ces choses qui ne sont pas forcément au programme dans une école ». Et le trompettiste d'assurer :   « En vingt ans au Jam, je n'ai jamais vu des gamins aussi doués, qui ont pu jouer autant à Montpellier et qui, surtout, vont partir en tournée aux Antilles. » Des musiciens à suivre et soutenir ici, et dès maintenant, par tout mélomane curieux.

CSS

Midi Libre < Midi Culture  08/03/2011
WORLD Samedi 12 Mars | En concert au Jam à Montpellier

mulatu
" C'est ainsi qu'a débuté l'éthio-jazz...il y a quarante-deux ans ! "

Jazz L’éthio-jazz fait la fierté de son “père” Mulatu Astatke
Créée dans les années 60, cette fusion a aujourd’hui conquis le monde.

Il le répète comme pour s’en convaincre, avec du bonheur dans la voix : « Le Queen Elizabeth Hall vient de me faire une standing ovation à Londres. La semaine prochaine, je suis à São Paulo où mon concert est déjà complet. J’ai de la chance d’avoir un public formidable, mélomane, jeune, partout dans le monde. Je suis heureux ! »

Mulatu Astatke, né en 1943, se produit samedi à Montpellier, invité par Cosmic Groove, en ouverture du festival Le Jam sacre le printemps (lire ci-dessous). Une étape de plus dans l’infinie tournée du vibraphoniste que la planète s’arrache, et pour cause : avec le saxophoniste Getatchew Mekurya et le chanteur Mahmoud Ahmed, il est parmi ceux qui incarnent l’éthio-jazz, l’une des fusions musicales les plus percutantes du siècle dernier.

« L’éthio-jazz est mon bébé », dit Mulatu Astatke qui abandonna son Éthiopie natale pour étudier en Grande-Bretagne, puis devint le premier étudiant africain du fameux Berklee College of Music de Boston. « C’est à New York que j’ai monté ma propre formation, The Ethiopian Quartet. Le jazz puise sa source en Afrique et je voulais contribuer à cette reconnaissance. J’ai donc imaginé cette fusion entre la gamme à douze mesures du jazz et la gamme à cinq mesures de la musique traditionnelle éthiopienne, l’enjeu étant de ne rien dénaturer. C’est ainsi qu’a débuté l’éthio-jazz... et c’était il y a quarante-deux ans ! »

La musique de “Broken Flowers”

Depuis, l’Europe a redécouvert la musique éthiopienne via la série de compilations Éthiopiques et le monde s’est entiché de Mulatu Astatke dont le vibraphone baigne Broken Flowers, le succès du réalisateur Jim Jarmush (2005). Si bien que les groupes ont fleuri, et pas qu’à Addis-Abeba : « Je suis fier de voir autant d’excellents musiciens français, américains, suédois ou allemands s’en emparer », se réjouit leur père à tous.

On ne compte plus, aujourd’hui, les projets liés à un éthio-jazz en passe de chatouiller l’Afrobeat de Fela dans le cœur du public. Dans le cœur et dans les hanches, s’agissant de musiques qui parlent à l’esprit comme au corps. Le groove anime Mulatu Astatke qui tourne avec huit nouveaux musiciens, tout en planchant sur son nouveau projet, un opéra inspiré par la musique des Coptes éthiopiens. Une manière de préserver le patrimoine, pour Mulatu qui enseigne la pratique des instruments traditionnels aux jeunes générations dans une école qu’il a fondée. On a vu de plus mauvais ambassadeurs.


FESTIVAL

C’est le printemps !
Le concert de Mulatu Astatke inaugure la 10e édition du festival Le Jam sacre le printemps, à Montpellier du 12 mars au 1er avril. Au programme : Uri Caine Quartet (avec Nguyen Lê) le 17 mars, Antonio Rivas y sus Vallenatos les 18 et 19 mars, Paolo Fresu Devil Quartet le 24 mars, Jeff “Tain” Watts le 25 mars, Michel Bismut Quartet le 31 mars, Soul Jazz Orchestra et Kokolo le 1er avril. 04 67 58 30 30. www.lejam.com

ÉRIC DELHAYE

jazzmagazinejazzmag

Tortiller, Monino & Héral à Mardi Graves
JAM, Montpellier (34), 19-02-11
Festival Mardi Graves

Franck Tortiller (vib), Frédéric Monino (elb), Patrice Héral (dms, voc, elec)
Stépane Labeyrie (tu), Fabien Wallerand (tu), Bastien Baumet (euphonium), Mathieu Ané (p)
Vincent Ferrand (b, voc)

Le festival Mardi Graves s'est choisi un créneau : les instruments graves. Durant 11 concerts, basses et contrebasses, tubas, euphoniums ou encore saxophones baryton sont à l'honneur, quels que soient les genres. Pour la première fois en 17 éditions, le festival a fait une pause au JAM, temple du jazz montpelliérain, pour une soirée de 3 sets (chanson, classique, jazz), éclectique à souhait.

Ouverture en tuba majeur
Loin des concerts un peu grand-messe avec des jazzmen devant un orchestre symphonique ou des parfois intéressantes improvisations sur des morceaux classiques, la soirée a permis le temps d'un bœuf la réunion toute simple de trois grands noms du tuba, associés à trois excellents musiciens issus de la scène jazz (teinté de rock).
Stéphane Labeyrie et Fabien Wallerand sont respectivement tubas solos de l'Orchestre de Paris et de l'Orchestre de l'Opéra de Paris. Ils subliment le cuivre basse avec un lyrisme et une virtuosité qui permettent à l'instrument de s'exprimer totalement. C'est lorsqu'ils jouent une pièce moderne écrite spécialement pour tubas, euphonium et piano qu'ils sont au sommet de leur art, nous questionnant sur cette formidable capacité qu'ont les trois tubistes à faire chanter cet instrument si gros qu'il en cache malheureusement leurs visages. Car l'euphonium est également considéré de la famille des tubas, qualifié de ténor car plus aigu et avec une large tessiture. Bastien Baumet, à seulement 22 ans peut être qualifié comme le descendant de Steven Mead, le maître anglais du méconnu euphonium. Instrumentiste virtuose, pistons affutés, c'est lui qui génère le plus d'énergie, notamment dans les compositions contemporaines, durant le concert très varié.

Blue Monk à 8
Très à l'aise dans leur registre très écrit, on a senti une crainte (infondée) pour eux lors de leur venue sur scène pour le morceau final avec Tortiller, Monino et Héral, en l’occurrence une reprise de Blue Monk. Et bien oui, ils n'avaient jamais joué ensemble, oui, on a quelque peu hésité sur les transitions entre les solos ou lors de la reprise du thème mais quel plaisir d'entendre diverses sonorités sur le standard de Monk ! Paraissant presque s'excuser, les interprètes classiques ont réjoui un public amusé mais aussi conscient d'assister à un moment inédit et très plaisant, et c'est bien cela qu'on attend d'un concert, non ? Bravo pour l'avoir fait et si ça vous donne des idées, messieurs, tant mieux, les portes du jazz devraient vous être ouvertes plus souvent...

Les cordes de Monino à la baguette
Mais revenons un peu en arrière car avant le sympathique final, un excellent trio bien « jazz de chez nous » s'est illustré avec un autre instrument pas si répandu : le vibraphone. Évidemment, c'est Franck Tortiller qui s'y colle, invité par les locaux du soir, Patrice Héral et Frédéric Monino. Le subtil bassiste a emmené avec lui ses compositions, où la basse est bien sûr centrale dans le cadre d'un trio qui a peu joué ensemble sous cette forme, même s'ils se connaissent très bien par ailleurs de par le jeu des collaborations croisées. Tortiller, qui a dirigé l'ONJ avec comme batteur... Patrice Héral, est dans son élément lorsque le trio reprend Four Sticks de Led Zepelin, qui ne perd rien de sa fougue en l'absence de guitare ou de chant.
Ils se retrouveront d'ailleurs ensemble prochainement pour des concerts hommages à Jaco Pastorius, dont Frédéric Monino est actuellement l'un des meilleurs ambassadeurs, avec son son perfectionniste très proche du maestro, sorti de sa belle 5-cordes Leduc, se différenciant cependant de celui de Jaco par des notes plus séparées (ou moins liées, c'est selon).

Alors quand il lance Round Trip / Brodway Blues, (tellement sublimé par Pastorius qu'on en oublierait la paternité du titre à Ornette Coleman), le power trio prend une dimension sans égale. Vibraphone et basse alternent au registre harmonique ou rythmique avec facilité et une énergie très communicante. Ceux-là aiment le rock et ça se voit, pas gênés par la grosse frappe de Patrice Héral qui sonne vraiment très fort. Le batteur, bien qu'affecté par la mort récente de son père, décuple d'idées lors d'un solo de plus de cinq minutes avec divers effets électroniques, traitement en direct de la voix et jeu de batterie titanesque. Il se plaît même à scatter à la manière d'un André Minvielle, s'accompagnant à la beat-box, nous faisant passer de l'étonnement, au rire jusqu'à la mélancolie.
Quand Frédéric Monino, le rejoint, on sent la complicité évidente entre les deux montpelliérains, laquelle ne semble pas gêner Tortiller, très soudé dans leur exercice qui sent bon les années 70's et Weather Report. Un vibraphone à la place de Zawinul, ça donne des passages plus romantiques, avec le bourguignon chaloupant derrière ses lames et se déplaçant avec un Moon-walk très personnel !
Au global, on se régale à voir et entendre ces phénomènes, dont la musicalité se dégage en permanence, nous rappelant pourquoi on aime le groove sans détours ni paillettes.

Vincent Ferrand
En première partie, la contrebasse et la voix très originale de Vincent Ferrand pour une performance théâtrale et vocale. Il passe facilement de Music for a While d'Henry Purcell
à des inventions récurrentes de Bach, bien interprétées avec une main pour la voix et l'autre pour la contrebasse.
Cliquer sur les liens pour découvrir en vidéo cet artiste atypique et attachant.
La performance est un peu gâchée par trop d’interventions parlées entre les morceaux très courts qui saucissonnent le tout et ne permettent pas d'entrer pleinement dans l'univers de l'artiste.

Benoît Guerrée

Midi libre Lundi 7 février 2011

MIDI MUSIQUE
JAZZ Mercredi à Nîmes et le 24 mars à Montpellier

Paolo Fresu : « Le son de trompette est le fil conducteur de l’émotion »

Entretien avec le trompettiste italien, en concert avec son Devil Quartet,
Vous jouez avec Ralph Towner et les chanteurs corses de A Filetta, vous développez le label Tuk Music, vous tournez avec toutes sortes de formations... C’est de la boulimie !
Et je fais ça depuis trente ans ! J’aurai 50 ans le 10 février et ça fait partie de ma vie. Je ne me pose jamais de questions par rapport au marché. J’aime autant la musique acoustique qu’électrique et c’est en tournant avec quatre ou cinq projets que je ne m’ennuie jamais.
Quel est le point commun à tous ces projets ?
Moi ! C’est une vision de la musique qui m’appartient, malgré l’impression de patchwork. Le son de la trompette est le fil conducteur qui transmet la poésie et l’émotion au public et aux autres musiciens. A condition d’être honnête.
Quand on est influencé par Miles Davis, comment se façonne-t-on un son de trompette personnel ?
J’ai focalisé pendant des mois sur sa version de’Round About Midnight en 1956. Miles Davis ayant inventé ce son de trompette bouchée, la référence est systématique. Mais c’est une erreur : depuis, beaucoup d’influences et de nuances de respiration sont apparues et il y a aujourd’hui autant de façons d’écouter le son d’une trompette que de regarder un tableau de Matisse.
Le fait d’être Italien influence-t-il aussi votre personnalité musicale ?
Absolument. La culture de l’opéra, du bel canto, de la chanson napolitaine et des fanfares où nous avons débuté ont marqué des jazzmen comme Giovanni Mirabassi, Flavio Boltro ou Stefano Di Battista. Le jazz, musique universelle et voyageuse, plonge aussi ses racines dans la terre où les jazzmen habitent.
Vous tournez avec le Devil Quartet, successeur du Angel Quartet...
Mon quintet historique existe depuis vingt-six ans mais j’ai monté d’autres formations. Dont le Angel Quartet, un clin d’œil au Angel de Hendrix, avec le guitariste Nguyên Lê. Et donc le Devil Quartet, avec le guitariste Bebo Ferra, alterne musique du diable et ballades angéliques : le binaire et l’électro d’un côté, le jazz romantique et mélodique de l’autre, c’est tout ce que j’aime !
ERIC DELHAYE
En concert le 9 février à 20 h 30, hôtel Atria, Nîmes. 15 €. 04 66 80 30 27. Également le 24 mars à 21 h, Jam, Montpellier. 18 € et 20 €. 04 67 58 30 30.

MIDI LIBRE Édition du mercredi 26 janvier 2011

pansanel
DR
Musique L’hommage à Montpellier de Comelade et Pansanel

Pianiste et guitariste évoquent les années 70 dans un superbe album entre rumba catalane et mélodies italiennes. En concert demain au Jam. Les voitures roulaient encore sur la Comédie, François Delmas gérait sa ville avec une bonhomie provinciale et OTH n’avait pas inscrit Montpellier sur la carte du rock français... « Dans les années 70 à Montpellier, il n’y a rien », assène Pascal Comelade, né « par hasard » en 1955 dans le quartier gitan de Candolle. Le Catalan, qui vit à Céret et que l’on adule de Barcelone au Japon, nourrit pourtant une tendresse pour cette décennie : « Les années 70 étaient plombées par les dogmes mais je ne me suis jamais autant amusé. J’avais l’impression que la ville m’appartenait. »

C’est une époque où tout le monde se connaît. Au hasard des bistrots, Comelade

croise parfois Gérard Pansanel, son aîné de trois ans, famille montpelliéraine des Arceaux, guitariste qui vire du bal au rock et au jazz. « C’est l’époque où on s’est le plus cotoyé », se remémore Gérard. Et puis, rien : au mitan des seventies, Pansanel part jouer avec Aldo Romano et Bernard Lubat à Paris alors que Comelade ne jure que par “sa” capitale, Barcelone.

Si Pascal Comelade et Gérard Pansanel viennent de sortir un album titré Montpellier, c’est leur hommage à cette période qu’ils ont en commun. On y trouve les salles de jeux (Rendez-vous au Skill Club), le chapelier de la rue de la Loge (Les chapeaux d’Alfred), le cinéma Le Lynx où travaillait la mère de Pansanel, la rue des Sœurs-Noires qui abritait le bar Le Puits du Temple et le disquaire Octopus, ou encore la brasserie L’Europe, face à la gare, où Comelade échouait à l’aube pour engloutir frites et cognac au son du jukebox.

Pansanel (guitare, mandoline...), Comelade (piano, accordéon, melodica...) et leur complice Pep Pascual (clarinette, saxophone, scie...) pratiquant une musique instrumentale, le propos repose sur des évocations. Mais on comprend bien, à l’écoute d’une rumba catalane, que ces années 70 étaient aussi celles de Manitas de Plata et de la famille Baliardo. En grande partie enregistré en concert lors des Internationales de la guitare 2010, le superbe Montpellier est dominé par la mélancolie et l’amour des mélodies propre à la chanson italienne. Des ambiances loin de la ville que Montpellier est devenue, où Comelade ne se reconnaît plus : « On n’écrira jamais une Ballade à Odysseum », raille-t-il. Mais l’hommage est sincère : « Après un tel disque, on devrait même nous autoriser à rentrer dans la cathédrale Saint-Pierre au guidon d’une Malaguti ! »

Eric DELHAYE

Gérard Pansanel et Pascal Comelade, “Montpellier” (Al Sur).
En concert demain à 21 h au Jam, à Montpellier. Tél. 04 67 58 30 30.

Robin McKelle et ses Soul City Horns

Vendredi 19 octobre – 21h00 au JAM (Montpellier)

Si la litanie des chanteuses jazz actuelles vous ennuie, venez jeter une oreille vers Robin McKelle, qui fait un petit tabac en France depuis peu. Exit les Melody Gardot, Norah Jones  ou Lisa Ekdahl et leurs voix cajolantes au service d'une (jolie) plastique ; Robin McKelle lorgne plutôt vers la grande Nina Simone, bien que dans un style plus soul que l'ex diva du jazz vocal. L'américaine tourne pour présenter son dernier album intitulé Mess Around, majoritairement composé de reprises de chansons issues du répertoire anglo-saxon. Les Bee-Gees, Leonard Cohen ou encore Arthur Hamilton font partie des sources d'inspiration de la chanteuse, qui a déjà écoulé 30 000 unités de son disque en France.
Mais c'est le blues qui lui va le mieux, surtout quand elle rend hommage à Doc Pomus ou bien Willie Dixon, le bluesman emblématique des années 50.
Mais honnêtement, si Robin McKelle cherche à se démarquer, il y a encore du travail et, si l'on peut estimer qu'elle est en bonne voie, elle est loin d'avoir l'originalité et la présence de Cassandra Wilson, le piler vocal du mouvement culturel américain M-base.
A noter pour ce concert la présence de Reggie Washington, le bassiste détonnant de Roy Hargrove ou, entre autres, de Steve Coleman. Rien que pour lui, ça vaut le déplacement !
Comme toujours dans le jazz vocal, sous-genre du jazz tout court, les garçons jouent et la fille chante, et c'est la seule place qui leur est généralement laissée... Ya basta !

Benoît Guerrée
La gazette de Montpellier

LE WEEK-END DE DIRECT MONTPELLIER +              Lundi 15 novembre 2010
PUSH-UP THE GROOVE
Ce week-end a été palpitant.
En quatre jours nous aurions eu le temps d’aller à Stockholm mais Montpellier nous a retenus dans ses bras de jeune méditerranéenne qui se coupe en quatre pour satisfaire notre appétit culturel. Les soirées ont été longues malgré le temps qui se rafraîchit dans cet hiver naissant. Vendredi soir, entre 21h et 22h l’ambiance a été très chaude sur la place Dionysos. Dans le cadre de la ZAT, le collectif Akrylonumerik a présenté sa performance ayant pour thème : Il était une fois, Antigone(s), collant des affiches sur fond de techno et de dub, ils ont permis au public de profiter de l’espace et de la mise en lumière pour danser, à la gloire de l’art contemporain certainement !
Samedi soir au JAM c’était plus rythmé et moins intello. Le groupe Push-Up a été d’une énergie incroyable, un véritable contraste avec leur disque sage et poli. Les instrumentistes se défiaient en solos tous plus surprenant les uns que les autres, les chanteurs chorégraphiaient leurs chants de manière spectaculaire. Un véritable show où chaque membre du groupe paraissait sorti tout droit de Shaft ou de New Jack City !
Et pour finir ce long week-end de fête, le Twenty Five accueillait Andrew Weatherall, pointure de la techno anglaise qui a rassemblé les générations dans ce club qui poursuit toujours sa route vers la gloire en nous proposant chaque semaine, différents courants de la musique électronique.
On en aimerait encore! Mais c’est lundi… ● Hadrien Vol

AU  JAM
Yacine Malek: étoile montante

Ce 29 octobre au Jam : belle découverte d’un pianiste nommé Yacine Malek.
A 35 ans, le musicien kabyle né en Algérie est à un âge délicieux, où la maîtrise avancée de l'instrument se mêle à une créativité foisonnante. S'il a intégré le sérieux des ses prédécesseurs, et notamment Michel Petrucciani dont il est un fervent admirateur, Yacine Malek s'engouffre avec bonheur et humilité dans une fusion non artificielle entre le jazz et les musiques dites orientales (même si le Maghreb est au sud de notre pays).
Ça sonne très jeune mais les coups d’œil ponctuels dans le rétroviseur sont nombreux dans ce quintet, mi européen, mi maghrébin, avec notamment la belle voix berbère d'Ali Gnawi. Ce dernier, avec un son étouffé sans ostentation, se marie admirablement avec le saxophone soprano de Pierre Mimran.
Quoi qu'il en soit, Yacine Malek est un pianiste à découvrir, dont le nom reviendra souvent, s'il continue dans sa volonté créatrice et novatrice. C'est assurément le renouveau du piano jazz, dans un autre registre que l'ex-nouvelle génération désormais installée avec entre autres Brad Mehldau.

Benoît Guerrée
La gazette de Montpellier 04/11/201

Pansanel / Winsberg à Montpellier : complicité d'un soir

jazz
jazz Magazine


JAM, Montpellier (34), 30-09-10

Gérard Pansanel (elg), Louis Winsberg (elg), Patrice Héral (dms, voc), Arild Andersen (b)

Une carte blanche avait été proposée au guitariste montpelliérain Gérard Pansanel dans le cadre du festival Les Internationales de la Guitare. Il a choisi de convier Louis Winsberg, sudiste lui aussi, au concert lançant le dernier album du trio de Gérard Pansanel : Future Early Years. Pansanel qualifie sa rythmique de « Rolls Royce », puisqu'elle est composée d'Arild Andersen à la contrebasse etde Patrice Héral aux baguettes. Ce dernier est un vieux compagnon de route du guitariste tandis que le norvégien ne compte plus les collaborations formatrices avec les plus grands (Bill Frisell, Jan Garbarek, Sonny Rollins...).

La grande majorité des morceaux joués étaient ceux présents sur Future Early Years (1 CD Nord-Sud), album très mélodique, simple et efficace, donnant une fausse impression de légèreté. Le jazz-rock convient parfaitement à Louis Winsberg qui a littéralement sublimé les thèmes de Pansanel, soit en reprenant la fin des phrases mélodiques soit en prenant des solos en plein dans l'esprit. Il n'avait pourtant jamais joué avec aucun des 3 musiciens et n'avait reçu disque et partition qu'une dizaine de jours auparavant !

En résulte finalement une sorte d'osmose vécue sur scène et transmise dans un public ébahi et joyeux, amusé par la voix trafiquée de Patrice Héral, qui tient aussi bien les baguettes que son micro. Arild Andersen, paraît plus posé, à l'aise dans son jogging-basket et visiblement ravi d'avoir fait le déplacement depuis Oslo avec sa petite contrebasse démontable, au son pourtant excellent, avec de très belles harmoniques trouvées en haut du manche.

Gérard Pansanel, alterne entre guitare électrique et électro-acoustique (Godin), pour produire un jeu fin, accrocheur et sans crispations. Les notes coulent naturellement, rient aux réponses données par le compère Winsberg, qui n’hésite pas à utiliser divers effets et accessoires pour pimenter un jeu déjà incroyable. Le montpelliérain prouve ici s'il était utile, qu'il peut soutenir ans complexe la comparaison s avec l'un des tout meilleurs européens.
Dans les compositions et le touché de Gérard Pansanel, on entend Pat Metheny, tant celui de Bright Size Life, jeune et enjoué que celui de Quiet Nights, calme et apaisant.

Comme souvent au JAM, la soirée se poursuit avec les musiciens qui prennent un verre au bar, échangent avec les amis ou le public venu nombreux. Un guitariste demande à Louis Winsberg si ce dernier pourrait lui donner quelques cours « Appelle moi et je fais des petits stages chez moi à 4 ou 5, c'est mieux pour bosser ». Il informe Jazz Magazine / Jazzman de l'enregistrement prochain d'un album constitué uniquement d'artistes marseillais qui sortirait en septembre, dans la lignée de Jaleo, aux sonorités flamenco assumées.


Benoît Guerrée

Pansanel invite Winsberg : l'osmose

Le festival des Internationales de la Guitare avait donné carte blanche à Gérard Pansanel pour la première soirée au JAM. Excellente idée puisque le guitariste montpelliérain a choisi d'inviter un maître de la six-cordes : Monsieur Louis Winsberg. Pour leur première rencontre sur scène, ils ont joué les compositions de Gérard Pansanel présentes sur son dernier album, Future Early Years. La rencontre, d'une spontanéité hors-norme, restera à coup sûr l'un des meilleurs concerts de l'année dans l'antre montpelliérain du jazz. Patrice Héral, vieux complice de 15 ans de l'hôte de la soirée a interpellé par ses breaks à n'en plus finir et Arild Andersen, le contrebassiste norvégien, a subjugué par sa présence permanente mais non envahissante. Du jazz-rock au flamenco cher à Louis Winsberg, les diverses sonorités ont enthousiasmé un public conscient d'assister à un échange unique et rare, avec des artistes entiers qui ont pris et dégagé beaucoup de plaisir sur scène.
Félicitations, embrassades et discussions au bar avec les musiciens en fin de concert, il n'y a pas que le son qui est chaleureux au JAM !

Benoît Guerrée
La gazette Jeudi 7 Octobre 2010

Gérard Pansanel invite Louis Winsberg

Ils ont des influences communes, un profond respect mutuel et une sonorité « sud » clairement affichée. Belle rencontre en perspective entre deux excellents guitaristes, le montpelliérain Gérard Pansanel et le provençal Louis Winsberg. Concert inédit pour ces deux artistes réunis exceptionnellement sur scène en quartet pour les Internationales de la Guitare, autour des compositions du neuvième et dernier album de Pansanel « Future Early Years ». Au menu : une virtuosité mise au service de mélodies simples et très percutantes, avec un zeste ou plus d'évocations espagnoles et italiennes. « Une musique de teenager » selon Gérard Pansanel qui a souhaité retrouver l'ambiance fraîche de sa jeunesse. Le JAM est la salle parfaite pour ce type de rencontre, intimiste et superbement sonorisée.

Jeudi 30 septembre 2010 – 20h30 au Jam (Montpellier)

Benoît Guerrée
La gazette Jeudi 7 Octobre 2010

MIDI LIBRE
Édition du dimanche 18 juillet 2010
Montpellier. Culture

instant
Archives J.-M. M

Le Jam fait les frais de la lutte

BISBILLES : Radio France a zappé de son programme le domaine d'O, où l'école assurait les préludes

La lutte sévère que Georges Frêche et André Vezinhet se livrent sur le terrain des subventions culturelles a fait une victime collatérale : les premières parties du Jam, proposées lors du Festival Radio France. Depuis quatre ans, l'école de jazz de Montpellier assurait la programmation des préludes aux soirées jazz, dans la pinède du domaine d'O, un site départemental. Une articulation appréciée, notamment par le public. Mais voilà que le repli subit de ces soirées vers le nouveau théâtre de l'Agora - d'une capacité plus de deux fois moindre (!) - s'accompagne aussi de la suppression des premières parties du Jam. À la grande surprise des responsables de l'école car la rupture s'est faite « sans que le Jam ait été prévenu officiellement », regrettent-ils dans un tract

distribué à la sortie des concerts.
Selon toute vraisemblance, les raisons de l'abandon du château d'O pour ces rendez-vous sont à trouver dans l'annonce faite par André Vezinhet de ne plus verser de subvention au festival, soit 100 000 € (*). Sa proposition faite aux organisateurs de continuer à disposer du site n'a pas eu l'heur d'atténuer la déception. D'où la mesure de rétorsion prise par René Koering, soucieux de ne plus associer le domaine d'O à l'image de l'événement ? Les responsable du Jam, eux, ont fait les comptes : « Pour le festival, le même nombre de concerts mais avec une possibilité d'accueil du public réduite. Pour le Jam, zéro concert, quelques milliers de spectateurs en moins et une centaine de cachets d'intermittents qui sautent pour des musiciens de la région. Cherchez l'erreur. »

Guy TRUBUIL (avec P. C.)
(*) En retour, Georges Frêche a diminué la subvention de la Région au Printemps des comédiens de 300 000 ?.

La Gazette du 1er au 7 juillet 2010

JAZZ  LES AMERICAINS EN PINCENT POUR LE JAM 
Le simple simple fan ou le musicien émérite, est impressionné dès l'entrée dans la salle Michel Petrucciani du JAM par la collection de photographies exposées. Une vingtaine de portraits en noir et blanc, parfois signés, de nombreux artistes venus se produire dans l'antre montpelliérain du jazz, qui fête ses trente ans. Parmi eux, les américains Steve Coleman, John Abercrombie, David Murray, Mike Stern ou encore Joe Zawinul, une litanie de noms célèbres peu commune pour une ville qui, après tout, n’est pas une capitale.
Jean Peiffer, directeur général depuis la création du JAM, il y a trente ans, entend souvent « c'est le meilleur concert qu'on ait fait ! » de la part des légendes américaines.
Que peuvent-ils bien trouver à ce lieu au point d'y retourner jusqu'à sept fois pour le légendaire claviériste Joe Zawinul ou d'y passer quinze jours pour le saxophoniste Steve Coleman, avec un disque à la clé ?
 
LE LIEU
Tout d'abord, le format même de la salle est atypique. De taille moyenne avec environ 400 places, le JAM est à mi-chemin entre le club intimiste et les grandes scènes auxquelles sont habituées les stars. Des fauteuils, des tables, un bar, l'ensemble est chaleureux et permet une proximité des artistes avec leurs spectateurs, les concerts se terminant souvent autour d'un verre, à refaire le monde... musical.
 
LE SON
Contrairement aux clubs parisiens, l'acoustique, le matériel récent et haut de gamme produisent un son de qualité, qui ravit les oreilles les plus fines. C'est le fruit d'un choix d'excellence, confirmée par l'un des deux sonorisateurs attitrés du lieu : « au début, j'avais constamment des remarques des musiciens, aujourd'hui, ils ne me parlent même plus ! » se félicite David Urbach.
 
LES MASTER CLASSES
Autre atout, lié à la présence dans les mêmes locaux de l'école et ses 250 élèves, la tenue courante de masterclasses avant les concerts. Les étudiants  peuvent ainsi se voir prodiguer en direct, instrument en main, les conseils des plus grands techniciens mondiaux.
« Cela permet aux artistes de s'approprier le lieu » selon Jean Peiffer qui ajoute : « c'est moins impersonnel que la grande salle, où on entre et on sort, juste le temps du concert ».
 
L'ACCUEIL
Touche finale, et non des moindres : l'accueil culinaire, assuré par Djamila Meniri, dont le couscous « est connu jusqu'à New York ou la Californie ! ». Tous les américains qui viennent pour la première fois commandent un éternel « poulet-patates » mais s'enquièrent du couscous de Djamila dès la seconde fois !
Mais avant de séduire les pointures du jazz, il faut les faire venir une première fois. Et là, avec humilité, Jean Peiffer explique : « on tente d'obtenir les musiciens qui passent d'une capitale européenne à une autre, afin de réduire les coûts ». Ce qui permet de s’assurer la présence d'artistes programmés à Barcelone, Munich ou bien Milan. Après, on l’a vu, les hommes du cru et le lieu font le reste.
 
Benoît Guerrée

Une salle au service des apprentissages

Le JAM, une école ou une salle de concert ? « L'une ne fonctionne pas sans l'autre, et vice-versa » affirme Jean Peiffer, le directeur, avant d'exposer en quoi la scène est un outil pour les cours dispensés tout au long de l'année : « Quand tu rentres au JAM, tu dois faire trois concerts par an au minimum ». Chaque élève intègre donc un groupe à part entière, relié à un genre musical qui va du funk à la salsa orchestrale en passant par des reprises de standards... de jazz évidemment.

C'est donc autour des pédagogies actives chères à Célestin Freinet que l'enseignement est tourné, permettant ainsi aux élèves de se produire, y compris en dehors du JAM comme lors du festival de Radio France ou au Vigan.

Outre des cycles de découverte et d'approfondissement, le JAM propose des formations professionnalisantes sanctionnées par un diplôme national, commun au réseau d'écoles françaises de jazz. Emélie Simon ou Marianne sont deux exemples d'élèves qui sont aujourd'hui musiciennes professionnelles. D'autres se retrouvent... prof au JAM, recyclage interne oblige !

Un bémol ? Un prix supérieur aux formations dispensées par le conservatoire, lequel est très largement subventionné. « Nos élèves sont différents » explique aussi le directeur pédagogique. « Chez nous, ils arrivent souvent auto-formés avec des lacunes mais aussi des qualités propres ». Des approches qui conduisent à une coopération nécessaire entre les élèves lors des pratiques d'ensemble. Le jazz, c'est l'interaction.

Deux « fils de » à Montpellier

La Gazette de Montpellier (25/03/2010)

 

Coltrane et Allison, deux patronymes majuscules, l'un en jazz, l'autre en blues, à l'affiche à Montpellier la semaine dernière. John Coltrane et Luther Allison décédés, ce sont leurs fils, Ravi et Bernard qui perpétuent le nom mais surtout la musique devant un public qui vient désormais les écouter pour ce qu'ils jouent.

Bernard Allison, est aujourd'hui à 45 ans un guitariste phénoménal, reconnaissable immédiatement par son phrasé fluide et percutant. Déconcertant de facilité et d'humilité, il a ravi jeudi 18 les spectateur-rices de Victoire 2, à peine une centaine à s'être déplacé-es. « Je ne suis pas mon père, il m'a toujours dit de développer mon propre son » a t-il précisé avant de reprendre Serious, l'un des titres phares de son géniteur. Cela après avoir produit un blues-rock personnel profond et vécu, entre racines du Bayou et continuité blanche anglaise.

Chez Coltrane fils, toujours au saxophone, ce sont les harmonies complexes qui rappellent sa généalogie plutôt que les thèmes choisis ou la sonorité, un peu fade. Le Jam, rempli mercredi 17 pour l'occasion, n'a pas vibré autant qu'on aurait pu l'espérer, le cérébral l'emportant souvent sur la spontanéité.

 

Benoît Guerrée

gazette

----------Midi loisirs du 15/03/2010

Le Jam sacre le printemps

et son trentième anniversaire

Institution musicale incontournable, le Jam ("Jazz Action Montpellier") fête cette année ses trente ans et s’il ne s’agissait pas de la neuvième édition de son festival Le Jam sacre le printemps, on jurerait qu’il s’agit des célébrations anniversaire, tant chaque concert brille, pétille et enivre comme un champagne grand cru. Les festivités débutent ce vendredi 5 mars avec Jose James, crooner pour le temps présent dont le talent explose aux confins du jazz, de la soul et du hip-hop. On enchaîne mardi 9 mars avec Quest, quartette conduit par le saxophoniste David Liebman que son pianiste Richie Beirach présente comme une « combinaison du Miles des années 60, du Coltrane des années 60 et du meilleur dans le free-jazz ».

Puisqu’on en parle, l’événement suivant, le 17 mars, n’est autre que Ravi Coltrane, le fils qui s’y entend pour pulser en quartette un jazz new-yorkais on ne peut plus actuel. On bifurque vers le groove total le 13 mars avec l’épatant Bibi Tanga & The Selenites. Le 20 mars, Paulinho Lemos présentera son Jobim Project, bossa nova forcément. On reste en Amérique latine, Cuba cette fois, le 27 mars avec le représentant de la nueva troba William Vivanco. C’est ensuite un génie des claviers qui déboule le 31 mars : Tigran Hamasyan avec son nouveau groupe Arrata Rebirth. Enfin, le 2 avril, ultime virage stylistique et temporel avec Sir Joe Quaterman, chanteur américain soul & funk tout droit issu des 70’s. Champagne !

Jérémy BERNÈDE

L’école de jazz

Le Jam, c’est une très agréable salle de concert de 400 places portant le nom de Michel Petrucciani (qui l’inaugura), mais aussi et surtout une école de jazz reconnue lancée en 1986. Elle compte une vingtaine de professeurs musiciens et dix fois plus d’élèves, environ deux cents donc. Régulièrement, ces élèves donnent des concerts en orchestre, les prochains étant prévus les 8 et 9 avril.

Padovani et sa bande  ( 15/01/2010)

La Gazette de Montpellier

Ambiance sérieuse et appliquée vendredi soir au Jam pour la venue de Jean-Marc Padovani qui a présenté son projet "Sketches". John Coltrane, Eric Dolphy ou Oliver Nelson, c'est notamment autour de leurs compositions arrangées que le septet rend hommage aux saxophonistes majuscules de l'histoire du jazz américain.

Souvent sautillant sur une seule jambe, mais les deux mains vissées sur ses saxes ténor ou soprano, J-M Padovani triture habilement les thèmes, par un mécanisme d'allers-retours avec ses musiciens. Mais l'ensemble, bien rodé, reste un peu figé et manque de spontanéité, d'inattendu, de force. Une rythmique très complice vient revigorer le groupe qui a peu souvent été réuni en concert depuis leur création (2008). Le batteur François Laizeau et l'excellent Frédéric Monino, dont le jeu et le son si caractéristiques en font l'un des meilleurs bassistes actuels, s'amusent visiblement dans cette structure où l'improvisation est cependant un peu à l'étroit. Une bonne surprise avec la voix de Claudia Solal, dont les aigus étirés ouvrent de nouveaux espaces.
Benoît Guerrée

Larry Carlton Trio à Montpellier df

 

Le JAM, Montpellier (34), le 8 novembre.
Larry Carlton (guitare), Travis Carlton (basse), Gene Coye (batterie).


Public de vrais fans au Jam de Montpellier, venus écouter Larry Carlton, l'ancien renard des studios et sa jeune rythmique. L'accueil est triomphal, les morceaux attendus et applaudis dès les premières notes, c'est en véritable star que les spectateur/rices ont reçu les trois américains.

Malgré ou grâce à cela, Larry Carlton apparaît très détendu, proche du public, simple et très accessible, et prend visiblement un grand plaisir à jouer. C'est seul que le guitariste débutera le concert par deux morceaux introspectifs pour ensuite être rejoint par son fils Travis à la basse et le jeune Gene Coye (25 ans) à la batterie.

Globalement, c'est une mécanique très (trop) bien huilée que nous avons entendue ce soir. Larry Carlton, c'est un chat un peu nonchalant, très malicieux qui offre au public ce qu'il est venu chercher : des morceaux bien léchés, hérités de ses grandes heures des seventies. Au point que ça ronronne quelque peu malgré une basse slappée très présente, usant allègrement de sa cinquième corde. On sent chez Travis Carlton une double filiation certaine, celle de son père pour les mélodies et celle de Stanley Clarke pour l'attaque de cordes, la vélocité et ses riffs accrocheurs. On aperçoit aussi le Les Claypol de Primus pointer le bout de son nez dans le jeu répété, accrocheur et au volume élevé.

Le batteur, discret dans un premier temps, a pris son unique solo peu avant la fin du concert d'une heure 30. Mais quel solo ! Récent remplaçant de Toss Panos, Gene Coye nous a produit une approche soliste extrêmement originale, loin du déluge de toms habituel, racontant une véritable histoire avec ses baguettes.

Exceptée cette heureuse sortie, le concert a paru un peu attendu, ponctué des vieux tubes de Carlton (Last Nite, I am a Fool, etc.) qui, s'ils n'ont pas pris une ride, paraissent tout de même un peu réchauffés.

Benoît Guerrée

Steve Coleman au JAM : l'évidente complexité dd

JAM, Montpellier (34), le 28 octobre.

Steve Coleman (alt sax, voc), Jonathan Finlayson (tp), Jen Shyu (voc), Thomas Morgan (b), Tim Albright (tb), Marcus Gilmore (dms)

Ils sont six à nous faire face en arc de cercle, batterie et voix aux extrémités. Cet orchestre est un vrai groupe, soudé, cohérent et massif, si l'on excepte Jen Shyu qui semble souvent chercher sa place... Pour les cinq autres, clairement dirigés par un Steve Coleman attentif et omniprésent, l'alchimie est réussie. On assiste à un savant maillage permanent de l'espace sonore dont la progression minutieuse oblige le spectateur à une attention soutenue, caractérisée par un silence rare dans le public.

Assurément, on ne comprend pas tous-tes la même chose du langage colemanien. Ce qui est sûr, c'est qu'il est expressif, évocateur et terriblement mystérieux. Parfois, on peine à suivre, tant le propos est continu, sans interruption, largement aidé par un Marcus Gilmore phénoménal malgré son air de ne pas y toucher. Le jeune batteur (23 ans), a peut-être hérité de quelques ficelles de son grand-père (Roy Haynes), il n'en développe pas moins son jeu propre, comparable à une locomotive filant sur un trajet sans gare où s'arrêter, avec un foisonnement de rythmes toujours renouvelés.

Mais la continuelle course en avant est contrebalancée par une fine utilisation des silences, tant par le saxophoniste que par les deux autres cuivres, Tim Albright et Jonathan Finlayson. Ce dernier est l'ancien du groupe, trompettiste depuis 2001 au sein des Five Elements et ça se voit : il joue toujours juste, très complice, et semble contribuer à la bonne intégration plus récente du tromboniste au jeu original.

Après plus de deux heures de musique non-stop, on en ressort abasourdi et émerveillé, de retour d'un pays où l'on parle une belle langue inconnue, qui semble en réunir d'autres, plus familières cette fois. Entre autres, le hip-hop n'est jamais loin, notamment traduit par un final vocal rapé amusé, où Thomas Morgan, qui avait quelque mal à faire oublier la basse puissante de Reggie Washington, semble trouver son compte. Quand Steve Coleman reproduit à la voix une ou deux phrases jouées auparavant au saxophone, c'est un éclairage nouveau, tel un pédagogue qui ré-explique sans répéter. Les élèves présent-es la veille à la masterclass pourront le confirmer...

Sur les raisons de son retour au JAM, l'atypique école-salle de concert-studio, Steve Coleman fait un clin d'œil au titre (1) du disque enregistré ici même il y a 8 ans : « We came back because we couldn't resist ! »

Benoît Guerrée Jazz magazine web
(1)Resistance is Futile, Label Bleu, 2001

MIDI LIBRE 28/10/2009

Deux heures dans le secret du jazz de Steve Coleman

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Photo Sylvie Cambon


MUSIQUE : Hier à Montpellier, trente musiciens ont suivi la "master class" du saxophoniste. Il est l'invité des 30 ans du Jam ce soir et demain

Ils n'ont pas tout compris mais les propres musiciens de Steve Coleman le reconnaissent : il est difficile à suivre.
Depuis la fondation du mouvement M-Base dans les années 80, le saxophoniste américain trace sans doute la voie la plus captivante du jazz actuel, d'autant plus stimulante que son accès est ardu. Avec ses concepts nourris de symbolisme ou de mathématiques, il bâtit des structures rythmiques d'une incroyable complexité. « C'est usant, on sort crevé » , disait une musicienne (parmi les trente participants) à la sortie des deux heures de la "master class" animée hier au Jam, à Montpellier, par cette grosse tête au look de rappeur.
Steve Coleman est un habitué du Jam où, en 2001, il enregistra Resistance is Futile, un important album live, fruit de deux semaines de résidence et quatre concerts dans cette salle montpelliéraine. C'est donc très cool qu'il répondait aux questions des élèves d'un jour, sur les gammes et l'improvisation notamment : « Beaucoup de choses sont combinées et il n'y a pas de façon simple d'en parler, leur répond-t-il . Je suis autodidacte, je ne pense pas en termes de gammes. Si la musique ne dépendait que de cela, ce serait trop facile ! Je travaille constamment à trouver de nouvelles idées et je les joue immédiatement. » Cas pratique : une improvisation du leader rejoint tour à tour par ses musiciens Thomas Morgan (contrebasse), Jonathan Finlayson (trompette), Tim Albright (trombone), Jen Shyu (voix) et Marcus Gilmore (batterie). Même si l'ambiance est à la rigolade, Steve Coleman les garde sous pression en multipliant les exercices rythmiques où les temps se chevauchent, tout en réclamant une attention permanente aux changements harmoniques. « Ils doivent me suivre intellectuellement » , dit Coleman au terme d'une longue variation autour du standard All the Things You Are.
La musique coule du saxophone de Coleman en torrent et, quand on la saisit, elle est déjà partie ailleurs. « Il faut se relaxer pour que tout devienne automatique. C'est comme un état méditatif. » Expliqué comme ça, ça a l'air facile.
Les 30 ans Après Niels Peter Molvaer et Mike Stern, le Jam continue de fêter ses 30 ans en invitant Fanga (5/11), Les Voix liées (13 et 14/11), Larry Carlton (18/11), Wayne Lavallee (19/11) et une soirée Brésil avec Marcio Faraco (21/11).

Eric DELHAYE

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